Est-ce la date trop rapprochée de celle de l’AG (samedi 4 février), toujours est-il que nous n’étions qu’une quinzaine pour ce 2ème lundi du champignon (Alain Petitjean et Jean-Claude Rabatel s’étant excusés). Dorénavant, nous nous contenterons de la salle du local, assez grande pour des conférences avec diaporama ou commentaires de polycops, mais aussi par souci d’économie.
Gaëtan Autuoro a donc choisi de nous traiter « Les Intoxications par les champignons », en deux fois.
De ce premier polycop fait par Gaëtan, je ne relaterai ici que les questions (et les réponses bien sûr), les précisions ou autres commentaires complétant son exposé.
1- Criminologie :
L’article racontant l’empoisonnement supposé, à l’Amanite phalloïde, de Claude (4ème empereur romain, marié en 4ème noces avec sa nièce Agrippine) nous incite à penser que ce ne sont là que supputations et querelles d’historiens que les mycologues ont bien du mal à démontrer.
En fait, les champignons sont peu utilisés par les empoisonneurs car les résultats sont peu fiables et trop lents. L’article du « Landru des champignons » (un assureur ayant voulu supprimer certains de ses amis) nous montre qu’il faut de plus savoir bien déterminer l’espèce et ne pas utiliser l’amanite citrine au lieu de l’amanite phalloïde…..
Beaucoup plus inquiétante, l’utilisation de champignon, type Fusarium ou Aspergillus, comme arme de guerre. Excellent article que nous a dégoté Gaëtan et qui mentionne l’arsenal biologique de Saddam Hussein.
Philippe Dantigny nous signale 5 à 6 cas mortels, à Marseille, il y a une dizaine d’années avec Aspergillus fumigatus, sans doute véhiculé par les circuits de climatisation.
2- Un nouveau champignon toxique en France :
Il s’agit de Clitocybe amoenolens que l’on ne trouve, pour l’instant, que dans la région Rhône Alpes, et que l’on peut confondre avec Cantharellus cibarius pour le port (mais la girolle a des plis et non des lamelles), avec Lepista inversa ou encore Clitocybe gibba. De la description très complète, on retiendra surtout une forte odeur aromatique et aussi un type d’intoxication très grave, semblable à celle du Clitocybe acromelalga ( au Japon), décrite plus loin à la page 10.
En ce qui nous concerne, nous ne croyons pas l’avoir déjà vu dans nos expositions, mais dorénavant, nous redoublerons d’attention lors de la détermination de champignons lui ressemblant.
3- Syndromes dus à des intoxications par des champignons :
De la page 09 à 11, ce sont des tableaux extrêmement complets, classant les intoxications par ordre d’apparition des symptômes, puis par type de syndrome, avec de multiples petites vignettes de photos de champignons causant ces troubles.
Voici pêle- mêle les diverses remarques :
• Les gens ne pensent pas que les champignons mortels puissent être bons. Et pourtant, il paraît que l’amanite phalloïde a un goût de noisette (d’après le Dr Bastien qui en a mangé plusieurs fois, mais sous certaines conditions et préparatifs, et pas sans séquelles !).
• Nous ne sommes pas tous égaux devant les champignons, certains ne supportent pas une espèce particulière : exemple d’Alain Petitjean qui ne peut manger des St Georges ou les Giroles en ce qui me concerne.
• A propos de Chlorophyllum brunneum (anciennement Macrolepiota brunneum), qui cause des troubles digestifs : Pourquoi ce terme de « Chlorophyllum » ? Renseignement pris (www.champyves.fr), l’analyse de l’ADN a montré que nos « Macrolepiota » sont proches de Chlorophyllum molybdites, la lépiote de Morgan, exotique et également toxique, éventuellement présente dans nos serres et qui a la particularité d’avoir une sporée et des lames verdâtres. Mais nos lépiotes ont bien des spores et lames blanches.
• Amanita muscaria : le syndrome est dit panthérinien, le terme muscarinien ou sudorien étant réservé aux intoxications causées par des Clitocybes blancs (l’explication a été donnée dans le polycop sur « Le Meunier et ses sosies » du 27 juin 2016 ).
• Psilocybe semilanceata et voisins : ce champignon utilisé comme drogue est interdit (arrêté du 18/8/2004),de détention, transport et même d’expositions (précision d’Arlette). Il y a une cinquantaine d’années, une habitante de Viriat a eu la curiosité de gouter les champignons trouvés sur sa pelouse, et a décrit minutieusement, dans une lettre adressée à la Faculté de Pharmacie de Lyon, ses hallucinations, avec seulement une cuillère à soupe de ces champignons cuits !
• Coprinopsis atramentarius : Gaëtan nous précise que l’effet antabuse peut même être obtenu avec une prise d’alcool bien antérieure !
• Syndrome paxillien : on peut ajouter à la liste de tous les Paxillus (involutus, validus etc…) qui le provoque, Tapinella atrotomentosa (voir la Thèse à Nantes pour le Doctorat en Pharmacie de Nicolas Orion, 2013).
• Le syndrome orellanien peut apparaître beaucoup plus tardivement, jusqu’à 2 semaines. A propos de l’appellation du Cortinarius orellanus que l’on nomme parfois couleur de Roucou : c’est quoi le Roucou ? Il s’agit d’une espèce d’arbuste tropical, de la famille des Bixaceae, Bixa orellana. La cire qui entoure les graines du fruit (non comestible) est très riche en caroténoïdes, et fournit une huile utilisée comme colorant alimentaire. Voilà de quoi rassurer la personne qui s’étonnait de son fromage teinté au roucou ! Les autochtones d’Amérique du Sud et des iles Caraïbes s’en servaient surtout comme peintures corporelles, mais aussi en crème solaire et anti moustique.
• On nous signale que Tricholoma auratum apparait encore comme comestible dans un livre assez récent sur les champignons de la montagne jurassienne, alors qu’il est interdit depuis juin 2004 …..
• Auricularia auricula -judae : David Drencourt nous en a justement amené de beaux exemplaires frais, ramassés à la Cascade de Ceyzeriat. Ce champignon noir se retrouve dans de nombreux plats asiatiques, sous forme desséché. Toxique cru, il ne faut cependant pas en faire une consommation excessive sous d’autres formes ( peu cuit ou desséché).
• Qu’entend on par consommation excessive ? Pas plus d’ une fois par semaine dixit Gaëtan.
• Lentinula edodes (Shiitaké) : Comme le précédent, on le retrouve dans les plats asiatiques et même en vente, secs (voir photo prise cette semaine dans une grande surface burgienne).
Je vous mets le lien du récent arrêté où il figure , en compagnie d’autres, Armillaria mellea, Russula olivacea etc. Apparemment il est question de spécimens frais mais l’on manque de précisions sur l’état sec. Il provoque une éruption cutanée d’aspect flagellé, c’est l’occasion pour Arlette de nous apprendre que certaines bières peuvent provoquer des dermatoses à zébrures.
https://www.legifrance.gouv.fr/affi...
• Schyzophyllum commune : Nadine Briant avait fait un article en mars 2011 dont voici le lien : http://www.ain-naturalistes.fr/spip...
mais Gaëtan doit nous en parler plus longuement à la prochaine séance.
• Lyopphyllum connatum : Autrefois décrit comme comestible, mais sans intérêt, il faut maintenant le considérer comme toxique. Nous devrons donc modifier nos fichiers et merci de corriger également, pour ceux qui l’ont, le polycop sur « Le Meunier et ses sosies ».
4- Intoxications par des champignons en 2015 et 2016 en France et Tableau du Centre Antipoison de Lyon entre le 01/01/2016 et le 15/11/2016 :
Observations et commentaires de ces tableaux très intéressants :
• Pourquoi tous les appels sont vers 16 H ?
• Beaucoup d’appels même pour une année avec peu de champignons.
• très nombreux appels pour des enfants ou bébés (on suppose une ingestion accidentelle) et même pour des chiens !
• Des appels pour des champignons normalement digestes mais peut-être avariés ?
• les intoxications graves (degré 3) sont heureusement peu nombreuses et très souvent il s’agit d’Amanita phalloides, 1 cas de Lepiota brunneoincarnata et Paxillus involutus.
5- Communiqué de l’ANSES :
C’est une suite de recommandations que nous avons l’habitude de vous donner régulièrement et qui vous rappelle au final de contacter le centre antipoison de votre région ou le 15 en cas de troubles après ingestion de champignons.
La soirée se termine par la détermination des champignons présents, ce qui est vite fait puisqu’il n’y en a que 2 : l’Oreille de Judas déjà citée et Sarcoscypha coccinea, provenant également de la cascade de Ceyzeriat, donc pas sous tilleuls, ce qui exclut la variété Sarcoscypha jurana.
Gaëtan Autuoro se propose de nous traiter la 2ème partie, le lundi 6 mars, en détaillant les Amanites et Lépiotes toxiques, et Schyzophyllum commune entre autres.